Revue de presse :
Adoubé par John Updike, le jeune écrivain américain Andrew Sean Gree raconte l'histoire d'un couple et celle de l'Amérique des années 1950, prise entre le soulagement de l'après-guerre et l'angoisse de la guerre froide, dans «L'Histoire d'un mariage»...
On attendait avec une curiosité empreinte de sympathie le deuxième opus de Greer. L'histoire d'un mariage (auquel Updike, fidèle, a aussi consacré une chronique) ne déçoit pas. Il s'agit d'un roman brumeux et lumineux à la fois, à l'image de la baie de San Francisco vue à travers un léger nimbe de brouillard. À l'image aussi de l'époque où il se déroule. En 1953, l'épanouissement dû à la fin de la guerre et à une prospérité nouvelle est endeuillé par la guerre froide (et qui, avec l'intervention en Corée, ne restera pas froide longtemps), par le maccarthysme, par le procès et l'exécution des Rosenberg...
L'Histoire d'un mariage est à la fois l'histoire d'un couple et celle d'un pays, un roman intimiste et un roman sur l'Amérique des années 1950. Comme le mariage de Holland et Pearlie, le pays qui est le leur, sous les belles certitudes affichées et les images en Scope couleur, dissimule des gouffres. (Christophe Mercier - Le Monde du 27 février 2009)
On voudrait tant donner envie de lire ce roman. Une insolite et poignante histoire d'amour, de grands sentiments, de nobles âmes : ce n'est pas si courant, en définitive. Et puis c'est si doux, au coeur de la grisaille ! Même si L'Histoire d'un mariage n'est certainement pas un impérissable chef-d'oeuvre du point de vue stylistique et formel, on voudrait donner envie de s'y plonger. Comme dans une eau chaude pleine de remous : par pur plaisir. Mais comment en parler sans trop en dire ?...
A la célèbre question : faut-il connaître pour aimer ?, Greer répond donc sans équivoque : en amour du moins, c'est la fiction - imagination, rêve, fantasme... - qui nourrit le sentiment amoureux. Moins nous en savons sur l'être cher, plus nous sommes susceptibles de l'aimer. CQFD. (Florence Noiville - Le Monde du 6 mars 2009)
Andrew Sean Greer a 40 ans, un seul livre à son actif (Les Confessions de Max Tivoli, éd. de l'Olivier, 2006), un sens évident de la nuance et de la mise en scène. A chaque page, il frôle le cliché mais l'esquive, parvenant toujours à élargir son propos : le couple Pearlie-Holland mais aussi les vrais époux Rosenberg, les peurs familiales et les blessures psychologiques de la guerre, les petites humiliations quotidiennes et le racisme ambiant. Se jouant des conventions romanesques et laissant planer sur l'intrigue une menace protéiforme - jusqu'à la dernière page, bouleversante. (Christine Ferniot - Télérama du 1er avril 2009)
Révélation littéraire du printemps, Andrew Sean Greer réussit, avec L'histoire d'un mariage, une envoûtante plongée au sein d'un couple en péril, dans l'Amérique des années 1950...
Avec L'histoire d'un mariage, Andrew Sean Greer continue à gravir les échelons de l'excellence. Situé sans surprise à San Francisco, ce petit bijou romanesque jette l'ancre du côté des rivages périphériques du Sunset, un quartier résidentiel nimbé de brume, face à l'océan. C'est là que vivent Holland et Pearlie Cook, jeune couple fraîchement marié. Ces deux-là se sont connus avant guerre, dans leur Kentucky natal, avant de se retrouver par hasard, en 1949, sur une plage de la ville. Depuis, ils mènent une existence paisible, à peine ternie par la polio dont souffre leur garçonnet, et les rumeurs de la guerre de Corée qui ébranlent le pays...
On ne saurait en révéler davantage sans ruiner la brillante mécanique de l'auteur, qui empile les révélations et les coups de théâtre comme des poupées russes...
Formidable plongée dans l'intimité d'un couple en péril, L'histoire d'un mariage confirme le talent de conteur de ce diable de Greer. Pour le meilleur, uniquement... (Julien Bisson - Lire, juin 2009)
Extrait :
Nous croyons connaître ceux que nous aimons.
Nos maris, nos femmes. Nous les connaissons, nous nous identifions à eux, parfois ; séparés lors d'une soirée en bonne compagnie, nous nous surprenons à exprimer leurs opinions, leurs goûts culinaires ou littéraires, à raconter une anecdote qui ne sort pas de notre mémoire mais de la leur. Nous observons leurs tics dans la conversation ou au volant, dans la manière de s'habiller et celle d'effleurer leur café avec un morceau de sucre qu'ils regardent virer du blanc au brun avant de le lâcher dans la tasse, satisfaits. Mon mari faisait cela tous les matins et je l'observais; j'étais une épouse vigilante.
Nous croyons les connaître. Nous croyons les aimer. Mais ce que nous aimons se révèle n'être qu'une traduction approximative, notre propre traduction d'une langue mal connue. Nous tentons d'y percevoir l'original, le mari ou la femme véritables, mais nous n'y parvenons jamais. Nous avons tout vu. Mais qu'avons-nous vraiment compris ?
Un matin, nous nous réveillons. Près de nous dans le lit, ce corps familier, endormi : un inconnu d'un nouveau genre. Moi, il m'est apparu en 1953. Un jour où, debout chez moi, j'ai découvert quelqu'un qui avait emprunté par pure sorcellerie les traits de mon mari.
Les informations fournies dans la section « A propos du livre » peuvent faire référence à une autre édition de ce titre.