Manifeste pour Yves Klein - Couverture souple

Alain Jouffroy était l'ami du peintre Yves Klein. Le témoignage, très personnel, qu'il apporte dans cet ouvrage est, à ce titre, précieux : il révèle les fondements souvent occultés de Fart de Klein, inséparables d'une profonde connaissance du Japon, du judo, de certaines filiations spirituelles, et même d'un espoir politique de mener à bien une «révolution bleue».
Ce texte s'inscrit dans la lignée d'un «manifeste» d'Alain Jouffroy, où celui-ci défend sa propre conception de l'art et de ses rapports avec le monde vécu.

Alain Jouffroy compte parmi les rares personnes à avoir personnellement connu Yves Klein, né en 1928 comme lui, et mort en pleine jeunesse, en 1962. Son témoignage, à ce titre, est précieux : il révèle les fondements souvent occultés de l'art de Klein, inséparables d'une connaissance profonde du Japon, du judo, de certaines filiations spirituelles, et même d'un espoir politique de mener à bien une «révolution bleue». C'est en critique d'art mais également en ami qu'Alain Jouffroy nous parle de Klein, en s'avançant, dit-il, «sur des pattes de colombes» pour tenter de restituer la présence d'un artiste profond, idéaliste et libre. Il conteste au passage certain procès fait à l'artiste quant à ses orientations politiques, il relate le récit d'un déjeuner entre les deux amis à la Coupole, il redonne vie à l'homme disparu voilà bientôt un demi-siècle.

Outre cette invite dans l'intimité vive du peintre, ce texte s'inscrit également dans la lignée des «manifestes» d'Alain Jouffroy, où celui-ci défend sa propre conception de l'art et de ses rapports avec le monde vécu. L'auteur :
Poète, écrivain et critique d'art, Alain Jouffroy est l'auteur d'une centaine de livres, en particulier des romans, de la poésie, et des essais. Né en 1928 à Paris, il fut membre du groupe surréaliste de 1947 à 1948 (André Breton, René Char et Henri Michaux publient ses premiers poèmes), cofondateur de la revue Opus International et directeur de la revue XXème siècle de 1974 à 1981.

Comment résumer d'un mot, ou de deux, la personnalité d'Yves Klein ?

Yves Klein, le Monochrome ? Yves Klein, le Vide ? Yves Klein, l'Architecte de l'air ? Yves Klein, le Nouveau Réaliste ? Yves Klein, ceinture noire de judo, 4ème dan ? Yves Klein, le peintre du feu ? Yves Klein, l'Insaisissable ? On ne saurait le réduire à aucune de ces formules sans le tronquer atrocement. Il fut tout cela à la fois, quelque chose de tout autre en surcroît.

Yves Klein demeura, toute sa vie, son propre maître et, surtout, son propre disciple. Une exception, une singularité totale parmi les exceptions. On l'a identifié au bleu de ses tableaux monochromes, mais il a utilisé l'or, plusieurs couleurs, l'imprégnation du vent et de la pluie, l'énergie du feu, la transparence et la puissance de l'air, et jusqu'au blanc des murs d'une galerie. D'autres peintres ont utilisé la monochromie : celle du blanc et du noir : Malevitch. Celle du noir : Rodchenko. Mais les différences avec ces deux créateurs sont beaucoup trop nombreuses pour qu'on l'assimile à leur lignée. Rauschenberg, à ses débuts, a lui aussi utilisé la monochromie. Mais quels rapports peut-on établir entre l'oeuvre de Rauschenberg et celle de Klein ? Ils ont créé deux univers absolument séparés.

Yves Klein est unique et, parce qu'il est unique, a fait question et nous fait toujours question. Mort très jeune, il n'a pas eu le temps de s'expliquer clairement. Il l'a pourtant tenté, notamment dans son essai Le Dépassement de la problématique de Part, et d'autres textes.